mardi 24 juillet 2007

L'Exclu, épisode 2

Après plusieurs mois de recherches, j'ai enfin réussi à contacter quelqu'un qui possède A Sword for a Hero. J'ai dû passer dans des quartiers peu fréquentables, lancer de petites insinuations, tout en étant discret, et espérer. Et finalement, après seulement trois mois, on m'a enfin contacté. Il m'a fait passer un message par un gosse. Il m'a donné rendez-vous cette nuit. Le livre sera dans une boite aux lettres. La clef sera dessus. Je devrais l'ouvrir, prendre le livre, déposer l'argent dans la boite, la fermer à clef puis jeter la clef dans les égouts. Il m'a fait transmettre une photo du bouquin pour preuve.

C'est probablement un piège. C'en est forcément un. Personne ne laisserait le livre à disposition avant d'avoir reçu l'argent. Mais peu importe, s’ils veulent me piéger comme ça, ça veut dire que le livre sera vraiment là. Après tout, c'est eux qui ont la plus grosse collection de codex, extensions et scénarii de toute la planète. Ils sont doués pour attraper les gens. Peu importe, je suis doué pour leur échapper. C'est risqué, très risqué même, mais le jeu en vaut la chandelle.

J'avais commencé ce scénario l'année dernière à Toulon, mais le meneur a été attrapé, ce qui a poussé tout le monde à fuir. De plus, comme c'était lui qui avait le scénario, je n'ai jamais pu le finir. Mais ça va changer bientôt. Bien entendu, après cette opération qui me dévoilera, pas question de risquer me faire repérer une nouvelle fois. Je ne pourrai donc pas chercher de groupe pour jouer. Peu importe, ce ne serait pas la première fois. Je commence à maîtriser ce qu'Orwell a baptisé la "double-pensée". Grâce à cet état d'esprit délicat, je parviens à jouer seul. C'est souvent le seul moyen pour moi de finir des scénarii. Mais hélas, être à la fois meneur et joueur n'offre pas la même satisfaction, je le crains. Ou peut-être est-ce l'absence de compagnons d'aventure qui veut ça.

Toujours est-il qu'il ne faut pas croire que le fait de jouer seul soit dénué de risque. Quand bien même personne ne pourrait voir la pièce dans laquelle on joue, la raie de lumière qui pourrait passer sous la porte la nuit suffirait à nous faire démasquer. Je ne peux pas non plus jouer le jour, car le fait de ne pas travailler est suspect. Ainsi j'apprends le scénario par coeur en soirée, afin de pouvoir le jouer la nuit. Pas trop tard non plus, ou mes cernes me dévoileraient. Pour connaître le résultat d'un jet de dés, je passe mon doigt dessus afin de me rendre compte du chiffre qui est gravé dessus.

Les dés. C'est le plus gros danger. Le bruit d'un dé qui roule est caractéristique, et a causé la perte de plus d'un Rôliste. J'ai un temps joué avec des dés en tissu, en mousse ou autre, mais il m'était impossible d'en faire des équilibrés. Depuis quelque temps, je suis retourné aux méthodes ancestrales — lancer le dé sur le matelas. Mais cette méthode est risquée. Il suffit de mal viser, de lancer le dé trop fort, une seule fois, pour que celui-ci tombe au sol, laissant échapper le son de la fin.


Je dois vous laisser, il va bientôt être l'heure de mon rendez-vous, et j'ai encore pas mal de choses à préparer si je ne veux pas me faire repérer sur le chemin, et surtout parvenir à me sortir de ce traquenard.

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