samedi 22 mars 2008

Team Devil, épisode 3

Ça paraissait pourtant être une bonne idée. Tous les arguments étaient là, le dossier était béton. On aurait pourtant dû s'en douter, y avait bien une raison pour que personne ne l'ait fait avant nous. Niveau meurtres, carnages, massacres, paniques générales et tout le bazar, rien à redire, ils sont naturellement doués. Par contre, niveau organisation, vie en communauté, plans de domination du monde, vision à long terme et assimilés, fallait rien espérer pouvoir en tirer. Pour la vision à long terme, on peut pas trop leur en vouloir, vu qu'ils ont l'art de se faire tuer en un rien de temps, et ce, malgré leur immortalité. Forcément, ça motive pas.

Dernière tentative de sortie, j'avais enfin réussi à former une bonne armée : plusieurs centaines de zombies, squelettes, vampires et autres momies. On était tous dans une petite baraque avant de se lancer à l'assaut. Les zombies ont commencé par faire tomber des torches sur les momies. Elles ont toutes brulé, entrainant la planque avec eux. Les zombis sont restés là à se faire cramer. Les premiers à réagir furent les vampires : ils ont pris leurs jambes à leur cou, fuyant dehors, oubliant par la même qu'il faisait jour. Les squelettes ont suivi, dans la cohue générale. Ils se sont rentrés dedans violemment, longtemps, jusqu'à ce que tous leurs os se détachent de leur corps pour échouer sur le sol. Ça se passait comme ça à chaque fois. Et maintenant, il ne me reste plus qu'un zombi qui n'avait pas réussi à trouver l'entrée de la planque, un squelette dépressif qui avait voulu se laisser mourir dans les flammes, et un vampire mégalo qui avait estimé que les autres ne méritaient pas sa présence à cette opération. Et en plus, ils sont exigeants sur le recrutement...

vendredi 21 mars 2008

Team Devil, épisode 2

Le jour va bientôt se lever. Tous ces êtres répugnants vont peu à peu proliférer. Y en a-t-il ne serait-ce qu'un seul parmi qui mériterait un tant soit peu de rejoindre mon état supérieur ? J'éprouve dors et déjà un dégoût certain à devoir m'abreuver de ces créatures abjectes, alors inviter l'un d'entre eux à me servir...

Il est déjà bien délicat de supporter les autres. S'accommoder du déficit, tout aussi bien physique qu'intellectuel, de mes compagnons, est d'une difficulté telle que bien peu de personnes peuvent simplement fournir l'effort de tenter de se la représenter schématiquement. Il n'y a bien que l'autre, là, qui a un niveau de culture suffisant afin de laisser éventuellement la possibilité d'envisager d'engager ultérieurement une conversation. Mais il n'appartient pas au même monde que moi. Un lieu empli de poussières, de flammes, de soufre, c'est cela son univers. Bien loin de la distinction si particulière de l'aristocratie que je représente — et dont j'ai hélas parfois l'impression d'être l'unique héritier. Et, qui plus est, il est tellement... arrogant. Toujours à vouloir me donner des ordres, à moi !

jeudi 20 mars 2008

Team Devil, épisode 1

La nuit m'ennuie. Non pas que le jour me manque. Faudrait voir à pas se méprendre. Je l'exècre depuis que je ne le supporte plus. Mais je me surprends parfois à regretter les jours où je les aimais, ces jours. Certainement pas envie de gambader dans les prés, de bosser, de bécoter ou de faire mes courses, mais juste envie d'en avoir envie.

J'en viens à envier mes collègues décérébrés, incapables de comprendre le moindre de mes maux. J'aurai pu avancer, massacrer, « vivre », et me faire trucider en moins de deux sans jamais avoir à réfléchir. Mais mère Nature en a décidé autrement. Quelle emmerdeuse.

samedi 15 mars 2008

Le Jour est venu

Je me résous à rompre le charme du quarante-deuxième message de cette catégorie — après tout, il vient un jour où il faut savoir oser. Mais, face à l'immense tristesse que me procure cet acte innommable, je me vois contraint de faire court afin de me reclure le plus vite possible dans un monastère intellectuel.

En bref donc, nouvelle « Rouge » terminée. Il était temps, le concours de nouvelles universitaire finissait demain (ou aujourd'hui, voire lundi si on consulte le règlement à un autre endroit — ils sont très forts). Au dernier moment, comme d'habitude. En même temps, à m'y remettre sérieusement deux jours avant parce qu'en fait le début ne me plaisait pas, et donc à tout recommencer, c'est forcément légèrement plus risqué. Surtout pour obtenir un résultat qui ne me plait pas (il faut dire qu'en ce moment, pas grand-chose de ce que j'écris ne me plait).

Mais maintenant, détente : lecture des BD récemment achetées, et direction la Journée Portes Ouvertes du Lycée du Futuroscope (oui, c'est juste pour éviter d'avoir à écrire LP2I au lieu de LPI), et c'est parti pour démolir des ACF ! (Et accessoirement, avant cela, dormir, parce que ces temps-ci j'ai un peu oublié.)

dimanche 9 mars 2008

Le Déchu, épisode 7

Modification protocole expérimental numéro ELMX74ZF43D7O. Suivre protocole annoncé pour modification 9Z41ERRT18I1L avec sujet ZLF42. Faire accéder à salle de données instant M793A2778:18"44'86. Départ prévu après :14"7'.

Bilan modification 9Z41ERRT18I1L : conforme données prévisionnelles.

vendredi 7 mars 2008

Le Déchu, épisode 6

Il avait crié. Pourquoi fallait-il toujours que ces êtres hurlent au moment de leur mort ? Ils ne comprenaient même pas la chance qu'ils avaient, de pouvoir un jour vivre ça. Il enjamba le corps désormais inerte de l'homme, y jeta un dernier coup d'œil. Ils étaient Leur création. Et lui leur unique chance d'échapper au destin qu'ils leur avaient réservé. Grâce à lui, il sortirait des sentiers qu'Ils avaient tracés, et leur « libre arbitre » pourra, pour la première fois, réellement exister. Il suffisait que lui existe, leur parle, et leur destin changeait. Et ils n'avaient plus de destin.

Matthew ouvrit un congélateur, en sortit un tube. Tandis qu'il se dirigeait vers la sortie, il commençait tout juste à se calmer. Pourquoi s'embêter à tous les tuer ? Peut-être sont-ils foncièrement mauvais, peut-être ne méritent-ils pas de vivre. Mais, après tout, ce n'était pas de leur faute, mais de la Leur. Et lui pouvait les faire changer. Eux aussi d'ailleurs, mais ceci ne semblait pas faire parti de leurs plans. Pourquoi s'embêter à tous les tuer ? Il serait tellement plus intéressant de les laisser vivre. Cela offrait tellement plus de possibilités à terme.

— On ne bouge plus !

Matthew jeta un œil sur le garde. L'arme braquée sur lui, il continua d'avancer. Oui, il arriverait à tellement plus de choses ainsi. Il pourrait bien plus longtemps contrecarrer Leur expérience. Peut-être même se pourrait-il qu'ils deviennent sa propre expérience... Mais, était-ce au juste réellement une expérience ? Non, plutôt un jouet pour eux. Ils n'avaient pas besoin d'expérience, ils pouvaient déjà tout savoir.

Une détonation retentit. Matthew commença à ressentir la douleur. Elle passerait vite, dès qu'il quitterait le corps.

Changer leur destin ne mènerait peut-être à rien, au final. S'il ne s'agissait que de jouets, et non pas d'expériences, qu'ils ne fassent pas ce qu'Ils voulaient n'importait pas. Pire, cela risquait de les divertir. Qu'un jouet bouge de lui-même, ça ne gène pas, ça amuse. Il n'y avait décidément que lorsqu'il était en colère que Matthew arrivait à réfléchir convenablement. Il devrait s'arranger pour l'être plus régulièrement. Se « réincarner » plus souvent sous une enveloppe animale plutôt qu'humaine. C'est d'eux que venait la sagesse. S'il changeait le destin de ce monde, ce n'était pas comme s'il jouait à Leur place, pas comme s'il leur volait leurs jouets, mais plutôt comme s'il leur présentait une pièce de théâtre. Pour les contrarier, il fallait casser leur jouet.

Enfin, il quitta le corps de son hôtesse. Et fonça sur celui du garde.

jeudi 6 mars 2008

Le Déchu, épisode 5

Il avança lentement, de quelques pas. Vérifia que personne ne l'observait.

Le plus énervant dans sa situation présente, c'est qu'il ne pouvait plus savoir la suite que les évènements allaient prendre — depuis son départ, bien trop de variables avaient été modifiées, et seul, il manquait de puissance de calcul. Il ne pouvait donc jamais être certain que son travail irait jusqu'à son terme.

Deux personnes dans le couloir. Ils discutent, marchent... S'arrêtent. Reprennent leur discussion. Font marche arrière. S'arrêtent de nouveau. Matthew était patient. Il avait quelques millénaires devant lui s'il le fallait. Beaucoup, au cours de son existence, l'avaient défié à un tel jeu de puissance. Tous avaient fini par abandonner. Avoir l'habitude de passer des siècles sur un simple calcul l'avantageait grandement dans ce genre de duel. Et quand cela ne suffisait pas pour décourager ses adversaires, l'immortalité lui permettait de simplement attendre leur mort.

Certes, il avait tout son temps, mais cette hésitation continuelle de l'espèce humaine l'exaspérait au plus haut point. Soit ils avaient besoin d'avancer, soit de reculer, auxquels qu'ils le fassent. Mais s’ils avaient juste envie de parler, qu'ils restent immobiles, au lieu de continuellement changer de direction afin de ne pas se séparer. Un simple jeu d'apparences totalement inutile, puisque son seul but est d'être percé à jour.

Il lui fallut attendre plusieurs heures avant que le couloir ne soit totalement vide. Il put enfin s'approcher de la porte, insérer sa carte, franchir le seuil...

— Enfin, je vous ai cherché partout, je peux savoir ce que vous faisiez au juste ?

mercredi 5 mars 2008

Le Déchu, épisode 4

De la colère toujours. Et maintenant, qui plus est, de la douleur. Ne peut-on pas mourir de façon horrible sans souffrir ? Il avait envie de tuer. Encore. Toujours. Il lui fallait reprendre ses esprits. Il tournait, tournait encore autour de la Terre. S'arrêta brusquement. Il fallait qu'il se calme. Une ville.

Pourquoi fallait-il, malgré tout le mépris et la répugnance qu'il pouvait éprouver vis-à-vis de cette espèce, qu'il emprunte si régulièrement un corps humain ? Mais au moins, sous cette enveloppe, il pouvait faire fi de la majorité des sentiments éprouvés. Il pouvait réfléchir et agir sans se référer sans cesse aux instincts animaux de son hôte. Et puis, après tout, il les aimait. Les enviait. Ils n'avaient aucune conscience des forces supérieures qui s'imposaient à eux. Ils pensaient, ils vivaient, en tant qu'espèce la plus intelligente à leur connaissance. Ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient — la science et la technologie, même aussi primitives que la leur, au vu de leur compréhension fort limitée de certains principes théoriques fondamentaux, laissait le champ libre à la réalisation de toutes leurs envies, leurs folies. Aucune autre espèce ne pouvait s'opposer à eux. Ils décidaient de la vie et de la mort des autres. Pouvaient tuer d'un simple geste. Mais aussi parfois garder en vie pour « étudier ». Il les haïssait. Tout cela lui rappelait ce qu'il avait vécu, avant. Il avait envie de tous les tuer. Cette envie était chronique. Bien sûr, sur le plan individuel, il trouvait des raisons de sauver chaque personne, mais sur le plan collectif... C'est d'ailleurs pour ça qu'il ne tuait jamais une seule personne. Lors de ses précédentes prises de conscience, il n'avait jamais tué moins de dix mille personnes à la fois. Mais ensuite, toujours, il se calmait. Regardait le désespoir dans quelques paires d'yeux, s'attendrissait devant leur méprisante impuissance et leur abject attachement aux êtres et aux choses, et finalement abandonnait. Mais peut-être aurait-il plus de courage cette fois-ci...

Il tournait, encore et toujours, laissant ses yeux se poser furtivement sur chaque élément du décor voulant bien se présenter à lui. Puis, subitement, il s'arrêta. Il venait enfin de voir un endroit convenable pour ses affaires.